Récits de bénévoles

Earllene Roberts

Portrait of Earllene Roberts

Earllene Roberts

J’ai passé quatre mois à l’Université d’État islamique de Yogyakarta en compagnie de l’équipe du Centre d’études et de services pour étudiants handicapés. Le Centre impressionne d’abord par les gens qui en sont l’âme et le cœur : plus de 50 étudiants handicapés, 110 étudiants bénévoles, 2 employés permanents, 6 chercheurs et professeurs et le directeur.

Ces personnes forment une communauté petite, mais vibrante, motivée par l’équité et l’intégration des étudiants handicapés, non seulement à l’université, mais dans la société en général. Elles m’ont accueillie à bras ouverts et m’ont vite intégrée à leur groupe. J’étais allée auprès d’elles pour les guider et les appuyer, mais en toute franchise j’ai reçu au moins autant que je crois avoir apporté. L’expérience directe d’une perspective culturelle et sociale du handicap est précieuse; elle m’a fait croître et m’a appris beaucoup sur la vie d’une personne handicapée. J’ai noué des liens d’amitié qui ont énormément enrichi ma vie.

Je travaille depuis des décennies dans les services aux personnes handicapées, entre autres pour des organisations sans but lucratif, des organisations gouvernementales et des établissements d’enseignement postsecondaire. J’ai une formation en travail social plus particulièrement dans le domaine des services aux handicapés. À mon avis, les personnes handicapées sont parmi les groupes les plus marginalisés et les plus souvent victimes de discrimination dans la société actuelle. Il semble encore généralement acceptable de leur refuser des services, un emploi ou du financement simplement à cause de leur handicap. Elles sont considérées à tort comme moins habiles, moins méritantes, voire inutiles, ce dont beaucoup profitent pour les tyranniser. C’est cette injustice qui me pousse à poursuivre mon travail et mes recherches sur le handicap dans une perspective sociale critique. Je veux entraîner la société vers un modèle plus équitable, fondé sur une conception plus diversifiée de l’être humain, qui englobe les personnes handicapées.

Mon travail à l’UY-Yogyakarta consistait à travailler de concert avec le directeur à accroître la visibilité du Centre. J’ai surtout collaboré avec le personnel à la création d’un programme de formation qui permet de mieux faire comprendre le rôle du Centre sur le campus. J’ai également participé à la création d’un comité de liaison avec le corps professoral, dont les membres, qui représentent les huit facultés de l’Université, cherchent des moyens d’adapter le monde universitaire aux étudiants handicapés. J’ai aussi rédigé une procédure sur la façon de faire connaître les besoins de ces étudiants aux professeurs de l’établissement.

Portrait of Irmalia (Irma) Nurjanah

Irmalia (Irma) Nurjanah

Irmalia (Irma) Nurjanah est tout à fait représentative des étudiants avec lesquels j’ai travaillé. Elle étudie en développement et communications communautaires et se prépare à une carrière d’annonceuse radio. Malvoyante de naissance, elle a fait une embolie qui l’a rendue complètement aveugle à l’âge de 15 ans.
Irma a dû réorganiser sa vie et s’adapter à une nouvelle expérience du monde, à de nouvelles méthodes d’apprentissage et à de nouveaux moyens d’interagir avec ses amis. Toutefois, son dynamisme inné et sa vive intelligence ont eu tôt fait de s’affirmer à nouveau. Conseillée par la directrice aveugle d’une ONG locale qui défend les droits des étudiants handicapés, Irma a fréquenté une école secondaire inclusive, où elle a fait d’excellentes études et terminé en tête de sa classe.
Irma est une meneuse, qui défend à son tour les droits de la communauté du Centre à l’UY Yogyakarta. Elle croit que les services fournis, joints au sentiment d’appartenance, comptent pour beaucoup dans le succès des étudiants du programme.

Le mot d’un donateur d’USF sur Earllene et sur le Centre :

« En décembre 2015, j’ai eu la chance de visiter le Centre d’études et de services pour étudiants handicapés de l’Université d’État islamique de Yogyakarta. J’ai été renversé d’apprendre que ce programme est le seul du genre en Indonésie et qu’il survit et aide tous ces étudiants malgré un financement très restreint. La première chose qui m’a frappé, c’est l’énergie des étudiants, dont le visage manifeste la joie d’apprendre. J’ai rencontré également la bénévole d’USF, Earllene Roberts, de l’Université de la Colombie-Britannique, qui aidait à rendre le programme plus efficace et plus utile. C’est une expérience extraordinaire. Je n’hésiterais pas à contribuer financièrement aux autres louables causes d’USF. »

– Colin Paranchych

Biographie en bref :

Earllene Roberts est directrice du Centre de ressources pour étudiants handicapés au Campus Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique, à Kelowna (C. B.). Devenue bénévole pour USF en 2015, elle a travaillé au Centre d’études et de services pour étudiants handicapés de l’Université d’État islamique de Yogyakarta (UY), en Indonésie. La mission du Centre est d’intégrer les étudiants handicapés à la population de l’UY et de leur fournir une gamme de services adaptés. C’est l’unique organisme du genre en Indonésie. Sa direction a demandé l’aide d’USF pour transformer le système, qui reposait sur des bénévoles, en un bureau professionnel de services aux étudiants handicapés.

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Bob Bortolussi

Bob Bortolussi

J’aime les chiffres et je ne résiste donc pas à la tentation. En voilà quatre qui me permettront de vous raconter l’histoire de MicroResearch : 30, 800, 25 et 3!

Trente, c’est le nombre d’ateliers offerts par MicroResearch depuis que Noni MacDonald et moi avons conçu le programme en 2008. Huit cents est le nombre de participants. Vingt-cinq : le nombre de projets que le programme a contribué à lancer en Afrique. Et dans les paragraphes qui suivent, je vais vous raconter l’histoire de trois des participants au dernier atelier en date offert à l’Université de Kabarak.

Philip Towett

Philip Towett

Philip a attiré mon attention dès le premier jour de l’atelier. C’est l’étudiant rêvé, manifestement ravi d’apprendre, qui se laisse pénétrer par chaque leçon. Il dit avoir beaucoup aimé la façon dont MicroResearch l’a aidé à envisager la recherche d’un œil nouveau : « J’aime que vous démystifiiez les concepts. » Mais il ne lui était pas facile de participer : il devait pour ce faire doubler ses heures de travail comme enseignant afin de compenser son absence. Je tenais à entendre son histoire et à l’ajouter à de nombreuses autres. En effet, j’ai appris qu’en Afrique, il y a peu de vies ordinaires.

Philip est né dans le comté de Bomet, dans l’ouest du Kenya, sixième d’une famille de dix enfants. Ses parents pratiquaient une agriculture de subsistance et pour eux, l’éducation restait un rêve pratiquement impossible à réaliser, mais un espoir qu’ils ne voulaient pas abandonner pour les sept frères et les trois sœurs.

Stephen, l’aîné, était particulièrement doué. Ses parents l’ont aidé jusqu’à la 7e année, mais ils ne pouvaient faire davantage. Or, leur fils avait manifestement tout le talent nécessaire pour aller plus loin. La chance a voulu que le jeune homme trouve un emploi à l’Hôpital Tenwek, où il a assisté le Dr Ernest Steury, premier médecin missionnaire, dans les activités courantes de la salle d’opération. Une chance qui pourrait bien se répercuter sur plusieurs générations. Le Dr Steury a constaté le potentiel de Stephen et l’a inspiré, lui et quelques autres. Grâce à l’argent épargné sur son salaire, Stephen a aidé ses frères et sœurs à étudier plus longtemps que lui. C’est un modèle d’entraide familiale que j’ai souvent observé en Afrique. Toute une fratrie profite de la chance que Dieu leur a donnée d’avoir une famille, où joue un effet multiplicateur. Malheureusement, deux des frères et sœurs de Stephen sont morts en bas âge, mais il a aidé tous les autres à se scolariser davantage. C’est ainsi que l’un est devenu agent de police et une autre est devenue infirmière. Philip lui-même n’aurait sans doute pas dépassé l’école secondaire sans le soutien de son frère.

Grâce à l’aide de Stephen et à ses propres efforts, Philip a accompli beaucoup. Il a obtenu un baccalauréat en sciences infirmières avec distinction à l’Université des Grands Lacs de Kisumu et une maîtrise en santé et développement communautaires. Le voici doctorant à l’Université d’agriculture et de technologie Jomo Kenyata, mais il conserve son travail à temps plein à l’École des sciences infirmières de l’Université Tenweck. Sur les traces de son frère et fidèle à la tradition africaine d’entraide familiale, il aide sa famille, ses neveux et ses nièces à poursuivre leurs études au secondaire et au delà. « On m’a donné beaucoup et je sais qu’on attend beaucoup de moi », dit-il.

Sifora Fanta

Sifora Fanta

Sifora est en première année de résidence en médecine familiale à Kabarak. Je lui donne à peine trente ans, mais elle semble avoir une longue expérience pour son âge. Douée d’un sourire chaleureux et toujours prompt, elle illumine la pièce de sa joie et de son enthousiasme.

En fait, Sifora est éthiopienne, mais elle a vécu à l’étranger pendant toute sa jeunesse et fait maintenant sa résidence au Kenya. C’est ce qui explique en partie qu’elle parle couramment cinq langues. Parmi celles-ci, l’amharique, censé être la plus difficile avec un alphabet de 250 lettres. C’est pourtant celle qu’elle a apprise en premier en grandissant dans son pays natal, après sa langue maternelle, le walaytegna, qui se parlait dans sa région. Elle maîtrise aussi l’anglais, qu’elle a appris à l’école. Sa quatrième langue – si vous avez suivi – pourra surprendre. Il s’agit du tagalog, une langue des Philippines qu’elle a apprise parce que c’est là qu’elle a fait l’école secondaire et la faculté de médecine. Enfin (jusqu’ici), elle parle aussi le kiswahili, principale langue du Kenya. Elle trébuche encore un peu, mais je sens que la conquête n’est pas loin.

Sifora m’a raconté que c’est le médecin de sa famille, naguère, à Soddo, en Éthiopie, qui lui a inspiré le goût d’étudier dans ce domaine. Quand sa formation sera terminée, elle compte retourner pratiquer la médecine familiale à Soddo, tout comme son mentor, mais elle doit d’abord réaliser un projet de recherche. L’atelier donné par MicroResearch est justement conçu pour l’aider à atteindre cet objectif. Du reste, elle comprend le rôle de cette étape. « À moins de faire de la recherche, nous ne changerons rien et nous ne pourrons pas résoudre nos problèmes. Je crois que MicroResearch va m’aider à y parvenir. »

Amy Akim

Amy Akim

Amy est née à Nakuru, au Kenya, mais a grandi à Mombasa. Elle vit de nouveau à Nakuru, qui est la plus grande ville des environs de l’Université de Kabarak. Ses parents sont tous deux agents de santé publique à Mombasa, au Kenya. Vraisemblablement inspirées par eux, Amy et ses deux sœurs ont toutes choisi une carrière au service des autres. L’une d’elles est travailleuse sociale et l’autre est décoratrice d’intérieur. Toutes trois ont l’impression d’avoir le devoir d’aider la population pauvre du Kenya. Au nom de ses sœurs et en son nom, Amy déclare : « Travailler pour les communautés défavorisées : voilà ce qu’il faut faire. »

Amy est une jeune femme pensive et calme, qui exprime ses idées clairement, avec éloquence. Les qualités que j’ai observées chez elle pendant l’atelier d’octobre font d’elle, à mon avis, une meneuse naturelle et une enseignante de talent. De fait, elle m’a expliqué avec brio les principes sur lesquels repose le système d’éducation kenyan, un système qui me paraît d’ailleurs bien pensé.

Les diplômés du secondaire qui sont choisis peuvent entrer à l’université, où leurs études sont financées en partie par le gouvernement. Pour être admissibles, toutefois, ils doivent passer deux ans au sein de la communauté, à apprendre les leçons de la vie auprès de leur famille et des aînés. Ensuite, ceux d’entre eux qui ont le mieux réussi pourraient être admis au programme de médecine d’une durée de cinq ans, qui débouche sur un baccalauréat en médecine et un baccalauréat en chirurgie. Après ce dernier, les étudiants sont affectés à un hôpital étatique. Amy a accompli deux années de travaux dans des hôpitaux de Kangundo et de Machakos, au Kenya, deux régions où les besoins vont croissant. Son ambition est maintenant de décrocher une maîtrise en médecine familiale, étape obligatoire du parcours d’un spécialiste de la médecine familiale dans son pays. Pour ce faire, elle doit mener à bien un projet de recherche et en publier les résultats. L’Université de Kabarak compte d’ailleurs traduire ses résultats en mesures concrètes. Nos hôtes, à Kabarak, espèrent que le programme de MicroResearch favorisera la réussite de la recherche et sa traduction en actions. Quant à Amy, elle dit avoir « hâte de mettre en pratique ce qu’elle a appris ».


Biographie en bref :

Le Dr Robert (Bob) Bortolussi est professeur de pédiatrie, de microbiologie et d’immunologie à la Faculté de médecine de l’Université de Dalhousie. Il est également spécialiste clinicien des maladies infectieuses chez les enfants à l’IWK Health Centre de Halifax, au Canada, où il a été président des services de recherche. Il a été en outre directeur des programmes d’études au Programme canadien de cliniciens-chercheurs en santé de l’enfant (PCCCSE). Il est actuellement membre du Canadian Centre for Vaccinology. L’un de ses projets est la codirection d’une initiative de microrecherche avec la Dre Noni MacDonald en Afrique orientale. Bob a travaillé au Rwanda, en Tanzanie et au Kenya en 2016 et en 2017, à la réalisation de projets conjoints de MicroResearch et d’USF. Il ira au Népal à la fin de 2017.

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Pammla Petrucka

Portrait of Professor Pammla Petrucka

Professor Pammla Petrucka

Je suis passionnée par les soins infirmiers. J’ai commencé ma carrière par une formation de base, avant de faire un baccalauréat en sciences infirmières, puis un doctorat. Je voulais mettre mes compétences à profit dans une partie du monde où elles seraient le plus utiles et c’est pourquoi j’ai choisi l’Afrique orientale. J’y étais, en 2011, quand je suis devenue bénévole pour Universitaires sans frontières et c’est sous l’égide d’USF que j’ai travaillé auprès de l’École des sciences infirmières et des sages-femmes de l’Université Aga Khan (UAK). Notre objectif était d’améliorer le programme de formation, de sorte qu’il puisse mener des personnes déjà titulaires d’un diplôme de base à un baccalauréat en sciences, avec spécialisation en soins infirmiers. J’ai travaillé avec les professeurs et les administrateurs de l’UAK, sur les campus du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie.

En Tanzanie, le ratio des infirmières et des sages-femmes est de 2,4 pour 10 000. Au cours de mon mandat avec USF, nous avons formé 6 personnes qui, à leur tour, forment chaque année 18 titulaires d’un baccalauréat spécialisé en sciences infirmières.

Les étudiants sont très motivés. Ce sont tous des praticiens de première ligne, qui suivent les cours après un quart de travail à temps plein. La situation est très difficile. Il arrive par exemple qu’une famille mette deux jours à transporter un malade jusqu’à un dispensaire. Des mères doivent souvent marcher des heures pour faire soigner leurs enfants, mais doivent le faire avant le coucher du soleil pour éviter les attaques des lions, des hyènes et autres animaux sauvages. Parfois, les patients sont amenés dans une brouette. Il y a peu de fournitures et de médicaments, mais les infirmières et infirmiers tanzaniens doivent pourtant traiter des brûlures, des cas d’anémie ou d’autres maladies évitables, mais aussi de VIH-sida. Il n’est pas rare que le personnel d’une clinique doive fournir des soins prénataux à quelque 400 à 500 femmes par jour.

En moyenne, d’ailleurs, une infirmière ou un infirmier traite plus de 10 000 patients par année. C’est dire que les 18 diplômés de cette année prodigueront des soins de santé améliorés à 180 000 patients par année. Dans 10 ans, le nombre de bacheliers aura augmenté au point où 1 800 000 Tanzaniens chaque année recevront des soins de meilleure qualité.

Bien entendu, si l’UAK augmente le nombre des professeurs, les progrès seront beaucoup plus rapides et le nombre de patients traités sera beaucoup plus grand encore.

Biographie en bref :

Pammla Petrucka, professeure agrégée au Collège des sciences infirmières à l’Université de la Saskatchewan, à Saskatoon (Saskatchewan), est bénévole pour USF sur les campus de l’Université Aga Khan (UAK) en Afrique orientale depuis 2011. Elle a travaillé auprès de l’Éole des sciences infirmières et des sages-femmes de l’UAK, sur les campus exploités par l’établissement au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda.

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Keyna Bracken

Je suis rentrée depuis peu de Banda Aceh, en Indonésie, au terme d’un projet visant à réduire le taux de mortalité chez les mères récemment accouchées dans les campagnes de la région, auquel je collaborais bénévolement pendant une année sabbatique avec les professeurs de la Faculté de médecine de l’Université de Syiah Kuala.

Biographie en bref :

La Dre Keyna Bracken est professeure agrégée au Département de médecine familiale de l’Université McMaster de Hamilton, en Ontario. À son horaire chargé de clinicienne, qui englobe toute la panoplie des soins obstétricaux, s’ajoutent l’enseignement, la direction de la formation prédoctorale en médecine familiale et la direction du programme de formation spécialisée de son département. Elle a travaillé avec la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada à enseigner les soins obstétricaux d’urgence en Tanzanie et dans d’autres pays en développement, pour divers projets d’amélioration des capacités. Elle fait actuellement de la recherche en formation médicale sur les applications du pouvoir social dans un contexte d’apprentissage en milieu clinique. L’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario lui a décerné un prix pour l’excellence de son travail et elle a été primée à de nombreuses reprises pour son enseignement. Keyna est boursière de Fondation Djavad Mowafaghian.

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Maureen Flaherty

En décembre 2017, je me suis rendue à Lviv – la plus grande ville d’Ukraine – pour travailler avec les professeurs de l’Université nationale et institut polytechnique de Lviv (UNIPL).
 
Étant donné le conflit qui fait encore rage dans l’est du pays et l’afflux de personnes déplacées dans des zones plus centrales et dans l’ouest, l’UNIPL a demandé à USF de l’aider à mettre sur pied un programme de recherche-action participative (RAP). En RAP, les chercheurs travaillent avec une communauté afin de comprendre les facteurs à l’origine des problèmes de cette dernière et de trouver des solutions. Pendant ce projet, qui consistait à élaborer pour l’UNIPL un programme adapté à la culture locale, j’ai animé un atelier de cinq jours sur la RAP, à l’intention d’étudiants diplômés et de professionnels de la région. Les professeurs et la communauté poursuivront le travail, qui vise maintenant à élaborer des stratégies et des programmes pour répondre aux besoins particuliers d’une population déplacée dans son propre pays et des communautés qui l’accueillent.

Voici un article sur mon travail, récemment paru dans ResearchLIFE Magazine (publication de l’Université du Manitoba).


Profil :

Maureen P. Flaherty est professeur adjointe aux Études sur la paix et les conflits à l’Université du Manitoba. Elle a été pendant plus de 30 ans travailleuse sociale de première ligne, puis thérapeute, conseillère et éducatrice spécialisée en rétablissement après événements critiques et traumatiques et violence entre conjoints. Son travail en éducation et développement communautaire l’a menée dans différentes régions du Canada, en Ukraine et en Russie. Ses recherches portent entre autres sur la perspective des hommes et des femmes en contexte de violence interpersonnelle, sur la parole, la visualisation, le développement communautaire et l’édification des communautés après un conflit afin de reconstruire la capacité d’agir par la guérison et l’inclusion. Elle a écrit Peacebuilding with women in Ukraine: Using narrative to envision a common future (2012), a codirigé Peace on Earth: the role of religion in peace and conflict studies (2014) et Creating the third force: Indigenous ways of peacebuilding (2016), et dirigé la rédaction de Gender and peacebuilding: All hands required (2015), tous publiés chez Rowman et Littlefield.

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Tag Elkhazin

Man's face

Tag Elkhazin

Quand les choses se corsent

Forcé d’interrompre soudainement sa mission au Soudan pour cause de pandémie, Tag Elkhazin a quelques bons conseils à l’adresse des autres bénévoles d’USF pour faire face à l’imprévu.

Mars 2020 : constatant la propagation rapide d’un coronavirus dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé déclare qu’il y a pandémie. Les frontières se ferment et une foule d’étrangers coincés sur la plage ou en voyage d’affaires se précipitent à l’aéroport pour rentrer au bercail. Arrivé au Soudan le 2 mars, Tag Elkhazin, bénévole d’USF affecté à l’Université de Bahri, à Khartoum, se trouve lui aussi dans une situation délicate.

Le Soudan émerge à peine des 30 années d’une dictature violente sous Omar al-Bashir. Depuis le coup militaire qui a renversé ce dernier, en 2019, le pays s’achemine d’un pas incertain vers la démocratie.

Après un départ chancelant, le projet de Tag progresse enfin. La tâche consiste à élaborer, pour le Centre d’études sur la paix et le développement de l’Université, un manuel de formation, d’accompagnement et de soutien pour faciliter la résolution les règlements politiques et la résolution de conflits entre communautés.

La tentative d’assassinat contre le premier ministre Abdalla Hamdok peu de temps auparavant souligne elle aussi la nécessité du projet.

Tag est spécialiste de renommée internationale de la Corne de l’Afrique et agrégé supérieur à l’École d’affaires internationales Norman Paterson de l’Université Carleton, à Ottawa. Universitaire et praticien, il est aussi à l’aise parmi des combattants aguerris qu’auprès de hauts fonctionnaires en veston Armani. Fort de dizaines d’années d’expérience et de relations dans les cercles diplomatiques et gouvernementaux, conciliant, mais tenace, Tag s’est bien tiré de ce qui ressemblait au chaos.

man and woman sitting beside each other behind a desk

Dr Elkhazin et Mme Afag chez CPDS

Une pénurie d’essence paralyse la ville? Il trouve le carburant nécessaire à ses déplacements. On lui attribue un bureau délabré? Il engage des ouvriers qui le remettent en état. Quelques coups de téléphone lui suffisent à organiser une réunion avec d’insaisissables hauts fonctionnaires. Et USF veille à toutes les dépenses imprévues.

« Catherine (Catherine Cripps, coordonnatrice des bénévoles à USF) s’enquérait de ma situation deux ou trois fois par jour », se rappelle Tag, dont c’était la première mission pour USF.

Quand le gouvernement du Canada a rappelé tous les Canadiens au pays, USF a réagi promptement.

« J’avais deux billets, dont un en première classe pour le cas où je ne réussirais pas à trouver un siège en classe économique », raconte Tag à propos de l’évacuation d’urgence.

La santé et le bien-être des bénévoles sont des priorités absolues pour USF.

Certes, la mission de Tag dans la République du Soudan n’a rien de commun avec les missions habituelles d’USF, et son expérience met en lumière les compétences que l’organisation recherche chez ses bénévoles : il est passionné, son expertise est grande et il est déterminé à rehausser la qualité et les capacités des établissements d’enseignement supérieur des pays les moins développés.

« D’abord et avant tout, il faut de la résilience », dit-il. Les bénévoles qui quittent le milieu universitaire pour travailler dans l’hémisphère sud éprouveront quelques surprises et contretemps, qui ébranlent parfois sérieusement les projets, mais « s’il y a une lueur d’espoir, il faut s’y accrocher », ajoute-t-il.

Les conseils de Tag à l’adresse des bénévoles d’USF

Connaître le terrain. Il importe de bien comprendre à l’avance la conjoncture politique et sociale et la culture du lieu, et d’apprendre à composer avec l’incertitude. « C’est comme un iceberg, dit Tag : la réalité reste cachée à 80 %. Il faut vous y préparer. »

Soyez sensible aux différences culturelles. Tag suggère de prendre le temps de se familiariser avec la culture locale et ce qui est considéré comme un comportement acceptable de la part des étrangers. Les bénévoles ont avantage à maîtriser quelques règles d’étiquette pour éviter une situation délicate susceptible de détériorer les relations avec les collègues.

Savoir quand partir. « Demandez-vous pourquoi vous êtes sur place. Est-ce que les gens ont besoin de ce que vous leur apportez? La plupart du temps, la réponse est oui, mais on n’attend pas d’un universitaire bénévole la même tolérance au risque que d’un travailleur humanitaire ou d’un conseiller bien rémunéré. »

Aucun effort n’est vain. Faire du mieux qu’on peut dans une situation difficile, c’est déjà gratifiant. « J’étais déçu, certes, mais j’ai tout de même accompli une part du travail, disons de 30 à 35 % de ce que je comptais faire. Si j’avais pu rester encore trois semaines comme prévu, j’aurais mené le projet à bien », conclut Tag.


Qui est Tag?

Tag Elkhazin est professeur associé à l’Institut des études africaines de l’Université de Carleton, à Ottawa. Il est aussi agrégé supérieur à l’École Norman Pearson d’affaires internationales, membre de l’African Study Group d’Ottawa et membre du conseil d’administration de l’Archaeological Institute of America à Ottawa.

M. Elkhazin a étudié et travaillé au Soudan, en Suède, en Allemagne, en Arabie saoudite, en Éthiopie, au Kenya, en Érythrée, au Nigéria, au Tchad, au Canada et au Royaume-Uni. Il est membre de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres, au R. U.

Tag Elkhazin est un fidèle des ateliers et des cours sur la résolution des conflits à partir des champs d’intérêt des parties offerts par ADR Chambers et le Stitt Feld Handy Group de Toronto. Il est l’auteur de plusieurs articles et analyses sur les conflits au Soudan et au Soudan du Sud, sur l’Autorité intergouvernementale pour le développement (de son nom anglais, IGAD) et l’Accord de paix complet, sur l’eau en général et les eaux du Nil en particulier, sur la société civile, la paix et le règlement des conflits. Il a d’ailleurs conçu lui-même un module de « règlement politique » entre groupes rebelles et gouvernements.

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Mary Wall

En avril 2018, a Dre Mary T. Wall s’est rendue à l’hôpital de Gorkha, au Népal, à titre de volontaire d’USF, dans le cadre du programme des hôpitaux de district. Ce programme est une collaboration entre l’Académie des sciences de la santé de Patan (ASSP) et USF. Financé par la Society of Rural Physicians of Canada, il a été conçu par le Dr Karl Stobbe, membre du conseil consultatif international de l’ASSP, et ses collègues de l’établissement. L’objectif est de fournir un encadrement clinique aux diplômés, que les médecins accompagnent à tour de rôle afin de les aider à améliorer entre autres leurs aptitudes à la communication. Pour l’heure, les médecins travaillent principalement dans les hôpitaux ruraux et aux consultations hospitalières externes.

Voici le récit de Mary.

Je vous présente Sunil Daha.

Sunil à l’hôpital de Gorkha

À 21 ans, Sunil est en 5e année de médecine à l’Académie des sciences de la santé de Patan, au Népal. Il y est entré à 17 ans, ayant fait toutes ses études préalables grâce à des bourses. Il vient du district de Dhanusha et appartient à la caste dhanuk (mandal). Il est le seul fils de sa famille, qui compte en outre trois filles.

Dès l’âge de 6 ans, Sunil voulait devenir médecin. C’était l’élève le plus brillant de sa classe, mais s’il a pu fréquenter l’école, c’est grâce à des bourses. De même, le seul moyen de poursuivre des études supérieures était d’être boursier complet. Et pour ce faire, il devait avoir d’excellents résultats.

Sunil ne s’est jamais inquiété des bornes entre castes; il jouait avec tous les enfants, même si ce comportement lui a valu bien des froncements de sourcils. Au terme de sa 10e année, son père voulait qu’il devienne ouvrier, mais il a refusé, annonçant son intention de poursuivre ses études. Une bourse lui a permis de faire la 11e et la 12e années, mais au prix de trois heures de bicyclette à l’aller et autant au retour, chaque jour, sa famille n’ayant pas les moyens de lui fournir un logement à proximité de l’école. Pendant une partie de la période d’études et des examens d’entrée à la faculté de médecine, il était sans abri. Deux amis proches l’ont hébergé et l’ont aidé à trouver de quoi se nourrir tant bien que mal pour suivre les cours et faire les examens. Sa détermination et la force de sa passion lui ont permis d’entrer à la faculté de médecine à l’âge de 17 ans.

C’est grâce à cette volonté d’être le meilleur en tout temps qu’il a acquis des connaissances surprenantes au fil de ses études. Sans compter une éthique du travail à toute épreuve.

Mary et les étudiants de médecine

Sunil était à Gorkha depuis trois semaines quand j’y suis arrivée, et il connaissait déjà tout le personnel et tous les départements de l’hôpital. Chaque jour, il faisait des heures supplémentaires aux urgences, à la salle d’accouchement et en salle d’opération, désireux d’observer et d’apprendre. Il tenait à être, deux ans plus tard, le médecin le plus compétent, peu importe où il serait affecté. Nous avons longuement discuté de son vœu d’améliorer le niveau de vie, la santé et les normes d’éducation de la population avec laquelle il vivra et travaillera.

Chaque fois que Sunil retourne chez lui, depuis cinq ans, il visite les écoles qu’il a fréquentées pour parler aux élèves. Lors de son plus récent voyage, il a passé du temps à informer les gens de son village sur diverses questions de santé, dont la santé cardiaque. Il a vérifié la pression sanguine de plus de la moitié de la population. Très impressionnant pour un jeune homme de 21 ans.

Sunil respecte l’avis de ses mentors et de ses professeurs, et y attache beaucoup de prix. Il réfléchit sans cesse et pose beaucoup de questions. À mon départ, il aidait le médecin des urgences à réécrire la politique et les procédures du service. C’est lui qui a offert son temps, sachant que l’expérience lui serait utile un jour.

« Je dois prendre le plus d’expérience possible pour être un généraliste habile et un chef compétent et sensible », dit-il.

Hôpital de Gorkha


Biographie en bref :

La docteure Mary Wall est née et a grandi dans une région rurale de Terre-Neuve. Elle a fait son cours primaire dans une petite école de deux classes et le secondaire dans un tout nouveau bâtiment qui accueillait tous les enfants de la 7e à la 11e année de 16 villages des alentours. Au terme du secondaire, elle a obtenu une bourse du district pour ses études universitaires.

Devenue infirmière autorisée au bout d’un programme d’études de deux ans, elle a travaillé dans un petit hôpital de campagne à Terre-Neuve, et est retournée à l’Université Memorial pour un baccalauréat en sciences infirmières, avec un semestre en Angleterre en santé du travail. En dix ans, Mary a connu tous les champs de pratique des soins infirmiers : chirurgie, pédiatrie, soins intensifs, soins en phase critique, soins à domicile et services d’ambulance. Elle a aussi donné des cours de base en soins infirmiers à Portage la Prairie, au Manitoba.

Mary est allée de nouveau à l’Université Memorial, cette fois pour un diplôme en médecine, avant d’exercer tous les aspects de la médecine rurale. Elle s’est installée en Colombie-Britannique, où elle a travaillé à temps plein en médecine familiale rurale pendant 16 ans, dans deux cliniques situées à 20 kilomètres l’une de l’autre, avec privilèges hospitaliers complets lui permettant de faire admettre des patients dans un hôpital rural à 45 minutes de chez elle. Elle a été assistante en chirurgie, a enseigné la réanimation néonatale et la réanimation cardiopulmonaire, a été personne-ressource de la formation médicale continue dans un hôpital, a exercé en obstétrique, a été ambulancière (transport l’équipement de secourisme dans le coffre de sa voiture), a fait de l’oncologie générale, y compris de la chimiothérapie deux jours par semaine et de la médecine palliative de fin de vie à domicile.

Puis Mary s’est installée à Kelowna (C.-B.), où elle a exercé principalement comme généraliste en oncologie en milieu hospitalier. Elle a travaillé en obstétrique à l’hôpital de Penticton jusqu’en juin 2013 et a fait trois suppléances en milieu rural, au Nunavut et dans une zone à la frontière entre la Colombie-Britannique et les États-Unis. Elle est actuellement professeure agrégée à l’Université de Colombie-Britannique et résidente en médecine familiale pour un programme appelé Options for Sexual Health Clinics.

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