J’ai passé quatre mois à l’Université d’État islamique de Yogyakarta en compagnie de l’équipe du Centre d’études et de services pour étudiants handicapés. Le Centre impressionne d’abord par les gens qui en sont l’âme et le cœur : plus de 50 étudiants handicapés, 110 étudiants bénévoles, 2 employés permanents, 6 chercheurs et professeurs et le directeur.
Ces personnes forment une communauté petite, mais vibrante, motivée par l’équité et l’intégration des étudiants handicapés, non seulement à l’université, mais dans la société en général. Elles m’ont accueillie à bras ouverts et m’ont vite intégrée à leur groupe. J’étais allée auprès d’elles pour les guider et les appuyer, mais en toute franchise j’ai reçu au moins autant que je crois avoir apporté. L’expérience directe d’une perspective culturelle et sociale du handicap est précieuse; elle m’a fait croître et m’a appris beaucoup sur la vie d’une personne handicapée. J’ai noué des liens d’amitié qui ont énormément enrichi ma vie.
Je travaille depuis des décennies dans les services aux personnes handicapées, entre autres pour des organisations sans but lucratif, des organisations gouvernementales et des établissements d’enseignement postsecondaire. J’ai une formation en travail social plus particulièrement dans le domaine des services aux handicapés. À mon avis, les personnes handicapées sont parmi les groupes les plus marginalisés et les plus souvent victimes de discrimination dans la société actuelle. Il semble encore généralement acceptable de leur refuser des services, un emploi ou du financement simplement à cause de leur handicap. Elles sont considérées à tort comme moins habiles, moins méritantes, voire inutiles, ce dont beaucoup profitent pour les tyranniser. C’est cette injustice qui me pousse à poursuivre mon travail et mes recherches sur le handicap dans une perspective sociale critique. Je veux entraîner la société vers un modèle plus équitable, fondé sur une conception plus diversifiée de l’être humain, qui englobe les personnes handicapées.
Mon travail à l’UY-Yogyakarta consistait à travailler de concert avec le directeur à accroître la visibilité du Centre. J’ai surtout collaboré avec le personnel à la création d’un programme de formation qui permet de mieux faire comprendre le rôle du Centre sur le campus. J’ai également participé à la création d’un comité de liaison avec le corps professoral, dont les membres, qui représentent les huit facultés de l’Université, cherchent des moyens d’adapter le monde universitaire aux étudiants handicapés. J’ai aussi rédigé une procédure sur la façon de faire connaître les besoins de ces étudiants aux professeurs de l’établissement.

Irmalia (Irma) Nurjanah
Irmalia (Irma) Nurjanah est tout à fait représentative des étudiants avec lesquels j’ai travaillé. Elle étudie en développement et communications communautaires et se prépare à une carrière d’annonceuse radio. Malvoyante de naissance, elle a fait une embolie qui l’a rendue complètement aveugle à l’âge de 15 ans.
Irma a dû réorganiser sa vie et s’adapter à une nouvelle expérience du monde, à de nouvelles méthodes d’apprentissage et à de nouveaux moyens d’interagir avec ses amis. Toutefois, son dynamisme inné et sa vive intelligence ont eu tôt fait de s’affirmer à nouveau. Conseillée par la directrice aveugle d’une ONG locale qui défend les droits des étudiants handicapés, Irma a fréquenté une école secondaire inclusive, où elle a fait d’excellentes études et terminé en tête de sa classe.
Irma est une meneuse, qui défend à son tour les droits de la communauté du Centre à l’UY Yogyakarta. Elle croit que les services fournis, joints au sentiment d’appartenance, comptent pour beaucoup dans le succès des étudiants du programme.
Le mot d’un donateur d’USF sur Earllene et sur le Centre :
« En décembre 2015, j’ai eu la chance de visiter le Centre d’études et de services pour étudiants handicapés de l’Université d’État islamique de Yogyakarta. J’ai été renversé d’apprendre que ce programme est le seul du genre en Indonésie et qu’il survit et aide tous ces étudiants malgré un financement très restreint. La première chose qui m’a frappé, c’est l’énergie des étudiants, dont le visage manifeste la joie d’apprendre. J’ai rencontré également la bénévole d’USF, Earllene Roberts, de l’Université de la Colombie-Britannique, qui aidait à rendre le programme plus efficace et plus utile. C’est une expérience extraordinaire. Je n’hésiterais pas à contribuer financièrement aux autres louables causes d’USF. »
– Colin Paranchych
Biographie en bref :
Earllene Roberts est directrice du Centre de ressources pour étudiants handicapés au Campus Okanagan de l’Université de la Colombie-Britannique, à Kelowna (C. B.). Devenue bénévole pour USF en 2015, elle a travaillé au Centre d’études et de services pour étudiants handicapés de l’Université d’État islamique de Yogyakarta (UY), en Indonésie. La mission du Centre est d’intégrer les étudiants handicapés à la population de l’UY et de leur fournir une gamme de services adaptés. C’est l’unique organisme du genre en Indonésie. Sa direction a demandé l’aide d’USF pour transformer le système, qui reposait sur des bénévoles, en un bureau professionnel de services aux étudiants handicapés.